Glossaire des musiques d'Asie centrale
mai 29, 2019
La translittération suit fidèlement l'orthographe moderne tadjike et ouzbèke, cyrillique ou latine. Seuls les o longs sont transcrits ô et le o' devient o, ainsi que le g' : gh et x : kh.
AKA : marque de respect qui se place après le prénom d'un homme.
ASHULA : chanson classique populaire comprenant des éléments stylistiques classiques. Désigne toutes sortes de chansons qui constituent l'essentiel des pratiques musicales. Généralement les ashula commencent dans le grave et montent progressivement. Le chanteur d'ashula est appelé ashulatchi.
AVJ : apogée, séquence culminante dans une composition. Il existe quelques avj standard adaptables à toute mélodie (avji türk, zebô pari, etc).
BAKHSHI : barde ouzbek du Sud-Ouest, turkmène, qaraqalpak ou khorassanais. Au Tadjikistan et dans d'autres cultures, désigne aussi un ou une chamane.
BASTAKÔR : compositeur dans le genre traditionnel, dont le nom reste lié aux oeuvres.
BAZM : partie d'une fête comprenant musique et danse.
BEYT : distique formant l'unité minimale d'un poème classique.
DAP : tambour sur cadre ouïgour de vingt-cinq centimètres de diamètre environ, monté d'une peau d'âne et frappé avec les doigts des deux mains.
DOMBRA (tadjik : dombrak, dutôr mayda, dutôrcba) : petit luth à deux cordes, sans frettes des bardes ouzbeks et tadjiks.
DÔYRA : lourd tambour sur cadre de quarante centimètres de diamètre environ, monté d'une peau épaisse et très tendue, et frappé avec les doigts des deux mains.
DUTÔR : grand luth à deux cordes en soie dont la longueur vibrante dépasse parfois un mètre. Sa table d'harmonie est toujours en mûrier, ainsi que sa caisse faite de lattes collées.
GHIJAK : (kamânche persan et âzeri) vièle à pique au corps sphérique fiché d'un manche cylindrique monté de quatre cordes d'acier (autrefois trois), dont la table est faite d'une fine peau de chèvre.
HÔFIZ : chanteur ou chanteuse, barde tadjik. Désigne à l'origine celui qui connaît le Coran par cœur.
ILHÔM: lit. "inspiration", désigne l'improvisation, surtout dans les pièces rythmées.
INTERVALLES : avec la russification le système des gammes occidental à tempérament égal a été imposé pour toute la musique de Transoxiane. Dans la réalité, beaucoup de musiciens utilisent encore des intervalles non tempérés, parfois abaissés d'un ou deux commas, mais sans référence à une théorie des échelles.
KARNA : trompe en métal d'environ cent cinquante centimètres.
KHALIFA, KHALPA : sôzanda du Khorezm.
KHALQI : de kbalq, "peuple". Alors que les genres traditionnels étaient soigneusement distingués et constituaient parfois des spécialisations, le terme moderne khalqi les aligne tous en une catégorie fictive. Toutefois il est souvent utilisé pour désigner les genres classiques composés selon les principes allégés du Maqôm.
KUI : mélodie. Chez les Kazakhs, les Ouzbeks et les Kirghizes (küü), pièce instrumentale.
LAPAR : chanson populaire sur un quatrain.
MAQÂM : dans les musiques persane, arabe et turque, désigne un type modal mélodique dans lequel on compose et on improvise.
MAQÔM : en Asie centrale, suite de pièces de rythmes différents, groupées dans un ordre précis, et présentant une cohérence modale.
MAQÔM : avec une majuscule désigne ici le genre classique par excellence (Shash-maqôm, tradition du Ferghâna, etc.).
MIANG : ornement vocal consistant à nasaliser le timbre tout en modifiant les voyelles. Par extension, désigne le principal type d'ornementation instrumentale, généralement en legato.
MUSHKILÔT : (lit. "difficultés") section instrumentale d'un maqôm, placée en première partie.
NAMUD : lit. "apparition" d'une section mélodique au sein d'une composition, en tant qu'apogée mélodique (avj).
NASR : lit. "texte (en prose)". Section vocale d'un maqôm.
NAY : flûte traversière en bois, en métal tourné ou en roseau.
NÔLA : lit: "gémissement", ornement du genre portamento.
ON IKKI MUQAM : lit. "douze muqam", Répertoire canonique classique des Ouïgours de Kachgarie et d'Ili.
ÔSH : repas constituant une des phases des rites de fête toy. Il se donne au milieu de la journée ou à l'aube (à Tachkent).
PARDA : lit. "frette", par extension, gammes, modes.
QOSHNAY : double clarinette, jouée dans la musique d'art, de la famille du zamr arabe. Cet instrument populaire a été élevé au niveau de la grande musique. Avec ses six trous parfaitement accordés, il peut jouer tous les maqôm aussi finement que le nay.
QUSHIQ : chanson populaire, dans un ambitus restreint avec plusieurs strophes, dont l'une est un refrain (nagharôt).
RUBÔB : luth à long manche et petite caisse sphérique dont la table de résonance est en parchemin. Il comporte cinq cordes - dont deux doubles en métal - avec un plectre et une basse en boyau.
SARAKHBÔR : pièce vocale introductive du Shash-maqôm.
SATÔ : du persan satâr, lit. "trois cordes", il désigne le tanbûr (anciennement setâr lorsqu'il est joué avec un archet.
SHASH-MAQÔM : répertoire canonique classique de Boukhara.
SÔZANDA : chanteuses et danseuses professionnelles de Boukhara et Samarkand, se produisant dans les noces, traditionnellement pour les femmes. SuRNAY : hautbois du type zurnâ, ghayta, etc.
TALQIN : rythme de la musique d'art, en environ neuf temps, noté 3/4 + 3/8 (ou le contraire, avec ses variantes talqintcha et tchapandôz), mais correspondant aussi bien à 2/4 + 5/8.
Désigne aussi le zikr soufi et, par extension, un genre chanté en même temps, dans ce rythme.
TANBUR : luth à petite caisse et long manche, possédant entre trois et cinq cordes de bronze (dont deux doubles). La mélodie se joue seulement sur la corde aiguë, pincée avec l'index muni d'un onglet.
TAR : luth à long manche de la famille des rubôb (rabâb), emprunté aux Caucasiens.
TARÔNA : chanson(s) de facture légère, sur des cycles rythmiques variés, intégrées au Shash-maqôm après les parties graves et souvent mises en série.
TCHANG : cymbalum à quatorze quadruples cordes frappées par des mailloches.
TOY : fête ou cycle de fêtes privées données à diverses occasions, notamment mariage, naissance, circoncision, décès.
TÜRK (ou TURCIQUE) : turc oriental. Ne pas confondre les Türks avec les Turcs de Turquie.
USUL : cycle rythmique. A aussi le sens de danse (notamment chez les Ouïgours).
YALLA : chanson à danser, par extension, danse populaire.
YOL : voie, route. Désigne un style (usluh)ou un genre mélodique, voire un type d'air.
ZHIRAU : barde épique kazakh ou qaraqalpak.
ZIKR (ou DHIKR) : technique soufie de méditation par la répétition verbale ou mentale, individuelle ou collective, d'une formule sacrée. Désigne aussi une séance de dévotion où se pratique cette technique, souvent soutenue par du chant.
source : Musiques d'Asie centrale, Jean During, éd. Actes Sud.