Mozart - Cosi fan tutte
Dossier réalisé avec l'aide des élèves de l'option musique du lycée E. Duclaux (2014-15) :
Ce qui frappe tout d'abord, au vu de l'ensemble de l'oeuvre lyrique de Mozart (1756-1791), c'est la diversité, l'inventivité, la richesse créatrice. Mozart ne s'enferme pas dans une forme fixe, figée, mais rend à l'opéra sa dynamique, que l'opéra baroque italien lui avait fait perdre.
Réutilisant dans sa jeunesse (il écrit son premier opéra à 13 ans !) les formes de l'opera seria et de l'opera buffa pour les enrichir, il donne ses premières lettres de noblesse à l'opéra allemand, avec L'Enlèvement au Sérail en 1782 et La Flûte Enchantée en 1791 (oeuvres qui participent du « Singspiel », forme allemande d'opéra populaire, comportant des dialogues parlés), et écrit coup sur coup trois autres chefs-d'oeuvre avec le librettiste Lorenzo da Ponte : Le Nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) en 1786, Don Giovanni (Don Juan) en 1787 et Cosi fan tutte (Ainsi font-elles toutes) en 1790.
L'action de Cosi fan tutte (1790) est très simple, dépourvue d'épisodes inutiles, et la musique joue cyniquement avec des personnages qu'elle refuse de prendre au sérieux. Les duos des couples inversés sonnent, à la fin de l'opéra, comme un retour à la réalité et une invitation à quitter ses illusions : la nature humaine est fragile, instable, sans défense...
D'un point de vue formel, les principaux enrichissements mozartiens sont les suivants :
— un sens de la construction, de l'architecture musicale. A la richesse, l'exubérance du détail (alternance très souple de récitatifs, d'airs, de duos, de trios..., accompagnés de couleurs instrumentales et orchestrales très diverses), s'allie une rigueur d'ensemble où rien n'est laissé au hasard (les formes utilisées se répondent, s'opposent, se superposent...).
— la frontière entre le récitatif et l'air a tendance à s'estomper, tant sont parfois riches la mélodie vocale du récitatif et l'orchestration qui l'accompagne. Mozart annonce, par là, la disparition complète de ce qui fut une règle intouchable de l'opéra durant plus de deux siècles.
— l'air prend la forme riche et souple de la sonate (une exposition, un développement long, une récapitulation), et aboutit à ce que l'on appelle « l'air d'action » : au lieu d'interrompre son jeu théâtral le temps de l'air, comme c'était le cas dans l'air figé, statique, de l'opéra baroque italien, le chanteur, ici, joue tout en chantant, pendant que l'orchestration qui accompagne l'air commente ce qui se passe sur la scène ; nouvelle preuve de la dynamique introduite par Mozart. Plus encore, les différents moments de la forme sonate permettent d'exprimer des changements dans l'état d'esprit du personnage représenté, épaississant la psychologie de celui-ci ; profondeur et vérité, voilà aussi ce qu'introduit Mozart dans l'opéra.
Quant à la conception du monde qui ressort de cet univers théâtral et musical, elle est la suivante : le monde est rempli de fausses apparences, de travestissements qui nous trompent ; pourtant l'effort, de la conscience permet, finalement, d'accéder à la vérité et de rétablir un ordre provisoirement perverti. Vision dynamique, une fois encore, des choses.
Différence air - récitatif :
L'ouverture :
Acte 1 - Un’aura amorosa :
Acte 1 - Come scoglio :
Acte 1 - Soave sia il vento :