Le chant des partisans



En temps de guerre, la musique dépasse son effet distrayant pour devenir une arme politique et un outil de propagande. Après la débâcle de 1940, les voix de la France mobilisent les esprits et ouvrent deux voies, deux choix pour le pays : la collaboration ou la résistance.

Pour présenter « le chant des partisans », voici quelques informations essentielles sur le contexte de création, les auteurs et la portée de cet hymne de la Résistance.

« Elle fit de son talent une arme pour la France » : cette phrase de Charles De Gaulle à propos d’Anna Marly résume l’oeuvre de celle que l’on surnomma « le troubadour de la Résistance ». Depuis Londres, cette artiste d’origine russe composa la musique de l’hymne officieux de la France libre. Le 30 mai 1943, depuis un hôtel de la banlieue londonienne, Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon vinrent poser leurs textes sur la mélodie : le Chant des Partisans fut interprété le soir même dans la capitale britannique.
Cette « Marseillaise de la Résistance » a été commandée par le réseau Libération et son chef Emmanuel d’Astier de la Vigerie au motif que l’on « ne gagne la guerre qu’avec des chansons ». Diffusé clandestinement en France, le texte est médiatisé par les émissions de la BBC faites sous l’indicatif « Honneur et Patrie ». Parachuté par les aviateurs britanniques et transmis par la bouche à oreille, cette ode à la liberté sera chantée par les résistants dans les prisons ou au moment de leur exécution. Le manuscrit original de cet hymne emblématique de la Résistance et de la Libération (trois feuillets d’un cahier d’écolier où le chant est rédigé à l’encre bleue) est depuis 2006 classé comme monument historique, une oeuvre marquante de notre patrimoine immatériel.

Le chant des partisans a été repris par de nombreux artistes dont Jacques Brel ou Jean Ferrat. En 1997, pour le compte de l’association Tactikollectif, le groupe Zebda adapte la chanson dans l’album « Motivés ». L’idée du disque était de remettre au goût du jour des chants de lutte. C’est un succès populaire avec 200 000 exemplaires vendus. Ce disque est militant puisqu’il est produit en collaboration avec la Ligue Communiste Révolutionnaire, un parti d’extrême-gauche dont le nom est depuis 2009 le Nouveau Parti Anticapitaliste. Le chant des partisans transcende les époques et les sensibilités politiques. Ode à la liberté et à l’insoumission, il peut devenir un chant de lutte politique et de contestation sociale. Un morceau de notre patrimoine national qu’il convient de connaître et d’étudier.