Machuel - Amal waqti
juillet 18, 2016
Amal waqti, n°5 (2'10'')
La voix humaine pour dépasser les conflits
— C’est un ensemble de 5 pièces pour voix de baryton et cornet à bouquin. Thierry MACHUEL en a fait ensuite une version pour mezzo-soprano et cornet à bouquin. C’est celle-ci qui est au programme du bac...
— Les poèmes ont été écrits par Mahmoud DARWICH
Commentaire du compositeur :
« Je connaissais depuis longtemps la poésie de Mahmoud Darwich (Murale notamment) lorsque je suis tombé sur l’anthologie publiée par Actes Sud, qui regroupe un certain nombre de recueils dont Etat de siège. Ce recueil m’a tout de suite interpellé, à la manière d’une injonction : il fallait que je m’y attelle ! Le choix des poèmes, en revanche, fut plus difficile, tant ils sont forts chacun à sa manière. »
— Les 5 poèmes choisis par le compositeur sont extraits du recueil « Etat de siège » publiés par le poète en 2004. Ils ont été transcrits par Roula SAFAR.
Commentaire du compositeur :
« Comme l’écrit Farouk Mardam-Bey dans le texte d’introduction à l’anthologie, ce recueil « cherche à capter en une centaine de fragments des choses vues ou entendues à Ramallah en 2002, lors de l’offensive de l’armée israëlienne contre le territoire palestinien autonome ». Cela explique l’aspect photographique de ces courts poèmes, tout comme l’impact qu’ils provoquent sur le lecteur. On pense aux Cahiers de Voronej de Mandelstam, aux Poèmes de la bombe atomique de Toge Sankichi... Peu de mots, et une vérité, tranchante comme une lame effilée, affrontant l’indicible. J’ai donc choisi ces textes en formant, là encore, un parcours plus intérieur que narratif. »
— Les poèmes ont été écrits par Mahmoud DARWICH
Commentaire du compositeur :
« Je connaissais depuis longtemps la poésie de Mahmoud Darwich (Murale notamment) lorsque je suis tombé sur l’anthologie publiée par Actes Sud, qui regroupe un certain nombre de recueils dont Etat de siège. Ce recueil m’a tout de suite interpellé, à la manière d’une injonction : il fallait que je m’y attelle ! Le choix des poèmes, en revanche, fut plus difficile, tant ils sont forts chacun à sa manière. »
— Les 5 poèmes choisis par le compositeur sont extraits du recueil « Etat de siège » publiés par le poète en 2004. Ils ont été transcrits par Roula SAFAR.
Commentaire du compositeur :
« Comme l’écrit Farouk Mardam-Bey dans le texte d’introduction à l’anthologie, ce recueil « cherche à capter en une centaine de fragments des choses vues ou entendues à Ramallah en 2002, lors de l’offensive de l’armée israëlienne contre le territoire palestinien autonome ». Cela explique l’aspect photographique de ces courts poèmes, tout comme l’impact qu’ils provoquent sur le lecteur. On pense aux Cahiers de Voronej de Mandelstam, aux Poèmes de la bombe atomique de Toge Sankichi... Peu de mots, et une vérité, tranchante comme une lame effilée, affrontant l’indicible. J’ai donc choisi ces textes en formant, là encore, un parcours plus intérieur que narratif. »
— Amal Waqti a été créé par Marcel PERES (baryton) et Jean TUBERY (cornet à bouquin) le 27 septembre 2010 au festival « Ombres et Lumières » de Clairvaux.
Analyse du n°5— C’est la dernière pièce du recueil Commentaire du compositeur : « Le final exprime la liberté intérieure enfin reconquise, la possibilité de ressentir hors de la haine et des contraintes de l’occupation politique : les sens nous rapportent toujours des échos du monde, le goût du café, le chant des oiseaux, les arbres, les nuages et surtout la lumière du soleil qui se lève. » — Texte transcrit en français : Nos tasses de café. Les oiseaux. Les arbres verts Aux ombrages bleus et le soleil qui saute d’un Mur à l’autre telle la gazelle.. L’eau des nuages aux formes infinies Dans ce qui nous reste de ciel, Et d’autres choses encore Dont le souvenir est remis à plus tard, Montrent que ce matin est fort, resplendissant, Et que nous sommes les hôtes de l’éternité. — Effectif : ce poème est chanté en langue palestinienne par une voix de mezzo-soprano accompagnée par un cornet à bouquin. C'est un duo : les deux partenaires sont traités à égalité, il n'y en a pas un qui fait la mélodie et l'autre qui accompagne. Les timbres sont très proches. La couleur vocale de la femme est très proche de celle du cornet. Commentaire du compositeur :« ce Duetto pour baryton et cornet à Bouquin a été enregistré avec la mezzo-soprano Roula Safar, la partie vocale étant donc transposée le plus souvent à l’octave supérieure. Les rapports harmoniques en ont certes été changés par moments, mais nous avons conservé les tensions et le travail du timbre autant que possible, celui de la chanteuse étant parfois très proche du cornet. 3 vidéos intéressantes sur le cornet à bouquin : — Structure : Intro / A / B / A’ Toutes les phrases ont des carrures de 4 mesures. - Longue introduction au cornet à bouquin de 15 mesures qui fait entendre deux phrases de 8 mesures. La 1ère a sera ensuite reprise par la voix :
a :
.../ ... b : L’introduction nous met d’emblée dans le caractère de la pièce, qui est pleine d’allégresse (appoggiatures, rythmes sautillants, trilles...), tempo rapide (mesure à 2/2). 2 phrases de 8 mesures a puis b (début = a transposée à la 5te) - A (mes. 17 à 24) : Entrée de la voix qui reprend la 1ère phrase (a) du cornet tandis que celui-ci reprend sa 2ème phrase (b) à l’octave inférieure = imitations entre les 2. - B (mes. 25 à 39) : la musique est différente. L’instrument et la voix s’entrelacent joyeusement. On perd un peu la notion de pulsation (= sentiment d'improvisation, de liberté, on se "dégage de la notion du temps" écrit le compositeur) >> On note des petites imitations entre les deux (mes. 31; mes.34) : >> Sur la fin (mes. 37 à 40, on a une forte impression d'improvisation au cornet alors que tout est écrit = sentiment de liberté. - A’ (mes. 40 à 47) : on retrouve le matériau thématique du début La phrase a au chant accompagnée par une phrase proche de b au cornet à bouquin Commentaire du compositeur :« La partie de cornet, mélodie très simple écrite d’un seul jet et la voix qui s’en fait l’écho se répondent sans cesse, en un jeu serré d’imitations et d’ornementations, un dialogue dégagé des contingences du temps, souverainement insouciant. » — Figuralismes : On note quelques exemples de figuralismes : - mes. 19 : trille sur "oiseaux" - mes. 28 : appoggiature sur "gazelle" - mes. 34/35 : mélodie ascendante sur "ciel" - mes. 43 : long trille sur "resplendissant" - mes. 46 et 47 : voix tourne autour du la (= 1er degré) puis la note est tenue sur le mot "éternité" — Modalité : utilisation du mode de ré sur la. C’est un mode beaucoup utilisé dans la musique bretonne, nous dit le compositeur : « Le mode utilisé est simple, il rappelle les chants traditionnels bretons, et contraste ainsi avec la langue, qui porte la chanteuse vers une interprétation orientalisante. » Donc, cette pièce est une rencontre culturelle entre l'orient et l'occident : — orient : langue arabe / perte progressive de la notion de pulsation — occident : cornet à bouquin / utilisation d'un mode utilisé dans la musique bretonne / voix chantant de façon lyrique (ce n'est jamais le cas dans les musiques arabes) |