La chanson populaire et ses références au passé
juillet 22, 2016
Les origines
On ne pourrait parler de langue française sans évoquer la chanson. L'origine de la chanson populaire est mal connue. Cependant dans les temps anciens, on l'associe déjà aux manifestations de la vie communautaire (les guerriers de Vercingétorix, par exemple, vont au combat en chantant).Le mot “chanson” apparaît vers 1080. Il vient du latin cantio (accusatif cantionem) qui signifie chant.
Sous le vocable de « chanson », on retrouve divers sens :
- texte mis en musique, généralement divisé en couplets et refrain(s) et destiné à être chanté. Par extension, on qualifie de chanson la musique seule ou la partition seule ou bien encore le texte seul, le genre musical formé par les chansons, le bruit harmonieux, les propos rebattus ou futiles.
- poème épique au Moyen-Âge divisés en laisses : épopée et geste et poème lyrique à structure répétitive.
- Jusqu’au XIXème siècle, certains textes en vers mis en musique sont également appelés chansons.
Le premier texte connu en langue française est une séquence chantée : la Séquence de sainte Eulalie (composée à la fin du IXème siècle à l’abbaye de Saint-Amand) et dont le manuscrit se trouve toujours aujourd'hui à la bibliothèque de Valenciennes. Du chant d’Église en latin, est né un art populaire : la chanson de langue française.
Alors que les troubadours (et trouvères) chantent des chansons savantes, les ménétriers pratiquent la langue du peuple, utilisant des mélodies simples sur des rythmes faciles à mémoriser. Ils font partie de deux classes sociales différentes mais entretiennent des rapports étroits et même souvent cordiaux.
Ils s’empruntent l’un l’autre des images, des sons - tout comme le fait la « chanson d’église » qui inspire à son tour les chanteurs des routes.
Il suffit pour s’en convaincre de regarder certains thèmes communs entre les cantiques religieux et les chansons populaires (exemples : utilisation du Benedicamus Domino dans Pernette ou du Dies irae dans J’ai vu le loup, le renard, la belette ou bien encore du Kyrie dans La Fille soldat et de l’Ave maris stella dans Le Roi Renaud).
La chanson est transmise d'une province à l'autre par les jongleurs, cette diffusion implique des adaptations dues au modes de vies locaux, ce qui explique les modifications d'une même chanson selon les contrées.
Avec le temps, les thèmes profanes (souvent légers) sont l’origine de messes polyphoniques.
Pour certains auteurs, la chanson est poésie (c’est le propos de Ronsard, Boileau et bien d’autres…) mais le plus souvent en tant qu’art, elle se trouve exclue car elle représente souvent la seule opposition possible au pouvoir en place (mazarinades : chansons politiques virulentes et satiriques dont la mode se poursuivra, en dépit des censures, jusqu’à la fin du XIXe siècle). Sa valeur de ” bonne ” ou de ” mauvaise ” chanson change selon qu’elle se rapproche de la ” bonne ” ou la ” mauvaise ” poésie…
Rupture entre chanson populaire et chanson savante au XVème siècle
La chanson savante telle qu’elle est pratiquée à la cour et à l’église semble le plus souvent issue du motet (comme chez Josquin Des Prés ou Pierre de La Rue). Le XVème siècle sera ” enchanté ” par des chansons à trois ou quatre voix. Elle se démarque des formes rurales et citadines que chantent le peuple et qui n’ont qu’une seule voix et qui reste attachée à des formes fixes comme le rondeau, le virelai ou la bergerette. Le XVIème siècle voit l’avènement de formes riches en polyphonie. La chanson polyphonique devint progressivement tant au stade de la composition que de l’interprétation, le domaine réservé de professionnel. Cette chanson marque la rupture historique entre le chanson populaire (citadine ou villageoise, élaborée ou “spontanée”) et la Musique savante.
L’avènement de l’imprimerie bouleverse la donne. La chanson à la merci de la tradition orale, pourra être diffusée par des recueils ou par colportage. On peut imaginer que seules les chansons urbaines aient bénéficié de ce nouveau moyen de diffusion et plus certainement la chanson parisienne où des “cabarets” fréquentés par des artistes et des poètes (Villon, Rabelais, Pierre Gringoire, Théophile de Viau) existent déjà. Dans la rue, on chante des chanson d’amour traditionnelles et des chansons à boire mais dans les salons des nantis la romance, héritée des airs de la cour, fait son apparition.
Avec la Révolution, la chanson, comme la musique, sert la cause républicaine. C’est par milliers que des chansons satiriques font leur apparition. (Ça ira, La Carmagnole, La Marseillaise…)
Vers 1730, quelques auteurs à la mode : Piron, Collé, Crébillon fils, Panard, Moncrif, Gentil Bernard fondent le Caveau prémice à nos futurs cabarets et fréquentés par les personnalités en vue.
On fréquente les goguettes où s’est réfugié l’esprit révolutionnaire et républicain. On y applaudit des chansonniers ouvriers, dont certains sont arrivés jusqu’à nous : Henri Avenel, Vinçart, J.-B. Clément, Charles Gille, Eugène Pottier (l’auteur de L’Internationale).
La chanson telle que nous la connaissons aujourd’hui naît suite à l’industrialisation
Au milieu du XIXe siècle (1851) se dessinent la notion de la propriété artistique et le mythe de la vedette, artiste grassement payée et adulée apparaît : Térésa, Paulus, Polin.
Les cabarets, la chanson plus raffinée, qualifiée de “littéraire” ou “poétique”… toutes sortes d’évolution pour arriver jusqu’à notre chanson…
Les genres en sont nombreux, ils reflètent les événements de la vie quotidienne :
Mistinguett : “Oui je suis de Paris” 1936
Maurice Chevalier : “Prosper”
L’avènement de l’imprimerie bouleverse la donne. La chanson à la merci de la tradition orale, pourra être diffusée par des recueils ou par colportage. On peut imaginer que seules les chansons urbaines aient bénéficié de ce nouveau moyen de diffusion et plus certainement la chanson parisienne où des “cabarets” fréquentés par des artistes et des poètes (Villon, Rabelais, Pierre Gringoire, Théophile de Viau) existent déjà. Dans la rue, on chante des chanson d’amour traditionnelles et des chansons à boire mais dans les salons des nantis la romance, héritée des airs de la cour, fait son apparition.
Avec la Révolution, la chanson, comme la musique, sert la cause républicaine. C’est par milliers que des chansons satiriques font leur apparition. (Ça ira, La Carmagnole, La Marseillaise…)
On fréquente les goguettes où s’est réfugié l’esprit révolutionnaire et républicain. On y applaudit des chansonniers ouvriers, dont certains sont arrivés jusqu’à nous : Henri Avenel, Vinçart, J.-B. Clément, Charles Gille, Eugène Pottier (l’auteur de L’Internationale).
La chanson telle que nous la connaissons aujourd’hui naît suite à l’industrialisation
Au milieu du XIXe siècle (1851) se dessinent la notion de la propriété artistique et le mythe de la vedette, artiste grassement payée et adulée apparaît : Térésa, Paulus, Polin.
Les genres
Les genres en sont nombreux, ils reflètent les événements de la vie quotidienne :
- Chant de fête : Saint-Jean, Toussaint; ceux de Noël sont les plus nombreux
- Chant de saison : hiver, mai
- Chant de métier : vignerons, laboureurs, bergers, bateliers, etc…
- Chanson à boire : exemple
- Chanson de quête : liée à des coutumes (nouvel an)
- Chanson enfantine : comptine, berceuse : ex : ”une chanson douce” (Henri Salvador)
- Chanson d'amour
- Complainte : sur une mélodie mélancolique, aux nombreux couplets, qui montre l'inquiétude des pauvres gens
- Chanson gaillarde
- Chanson satirique : ex : “Je ne l'ose dire” de Pierre Certon (1572)
- Chanson historique : jouant un rôle important pour la connaissance de l'histoire du pays.
- Chanson à danser : qui se mêlera peu à peu aux danses et à la musique instrumentale
- Pendant près de trois siècles, la chanson populaire est restée DANS LA RUE; sa propagation est assurée par les colporteurs et compagnons.
- Au XIXème siècle, la chanson devient politique et sociale. Les grands succès sont repris par les chanteurs ambulants installés sur les marchés, à la sortie des usines et des ateliers…
- A la fin du siècle et au début du XXème, le courant populaire glisse vers des sociétés de chant : les guinguettes, puis les cafés-concerts, music-halls et cabarets : l'ère du spectacle est arrivée :
Mistinguett : “Oui je suis de Paris” 1936
Maurice Chevalier : “Prosper”
/ Anecdote commune aux deux artistes
Joséphine Baker : Cha-Cha-Cha
Charles Trénet : “Que reste-t-il de nos amours ?“
Edith Piaf : “La vie en rose”
Tino Rossi : “Marinella” (1936)
Après la deuxième guerre mondiale, apparaît une nouvelle forme de chanson : la CHANSON A TEXTE :
Georges Brassens (1921-1981) : “Je me suis fait tout petit”
Juliette Gréco : “Les feuilles mortes”
Jacques Brel (1929-1978) : “Ne me quitte pas”
Léo Ferré (1916-1993) : “Les anarchistes“
(Sur l'engagement politique dans la chanson française de 1997 à 2002, il est intéressant de lire le mémoire de Morgane Bellion).
Parallèlement à ce type de chanson, surgit en France, la “Chanson anglo-saxonne“, directement liée à l'apparition du Rock'n roll, dans les années cinquante. La vogue des chansons anglo-américaines amènera de nombreux chanteurs français soit à adopter la langue de Shakespeare pour suivre cette mode soit à copier, et traduire en français, ces morceaux anglo-saxons :
Exemples : Johnny Halliday s'approprie “Black is black“, le tube de Los Bravos en 1966 qui devient “Noir c'est noir” :
Claude François qui s'approprie “If I had a hammer“
en devenant “Si j'avais un marteau” etc, etc….
On voit apparaître alors le Star-system où le chanteur est “idolatré” au détriment du compositeur qui bien souvent reste inconnu du grand public.
Cette influence anglo-saxonne se retrouvera dans trois types de chansons :
Michel Legrand (1932_) : “Quand ça balance”
Nino Ferrer (1934-1998) : “Je voudrais être un Noir”
Johnny Halliday : “Toute la musique que j'aime” (1974)
Jean-Jacques Goldman : “Quand la musique est bonne” (1982)
Eddie Mitchell : “Sur la route de Memphis” (1976)
N.B : la plupart de ces artistes ne se cantonnent pas à un style particulier et refusent une étiquette “restrictive”. Aucun ne reniera toutefois l'influence anglo-saxonne.
Courant qui ne fait pas forcément l'unanimité au sein même de cette variété française, si l'on en croit par exemple, Michel Fugain, autre compositeur-interprète de talent qui a su donner dès la fin des années 1960, des accents et des rythmes variés à la chanson française.
Il exprime très clairement son sentiment sur la nouvelle scène française lors de cet interview.
Cette polémique suscite de nombreuses questions sur l'état actuel et l'avenir de la chanson populaire française…, mais concluons en revenant à notre thématique…
Ses références au passé, nombreuses et variées montrent que la chanson populaire française est sans aucun doute très riche et constitue un patrimoine culturel indéniable. Divers métissages l'ont enrichie, mais c'est surtout par la qualité de quelques grands auteurs-compositeurs-interprètes qu'elle restera dans la postérité.
- La T.S.F et le Jazz (Joséphine Baker) renouvelleront la chanson qui se diversifiera en style “entrain” (Charles Trénet), mélo (Edith Piaf), charme (Tino Rossi) :
Joséphine Baker : Cha-Cha-Cha
Charles Trénet : “Que reste-t-il de nos amours ?“
Edith Piaf : “La vie en rose”
Tino Rossi : “Marinella” (1936)
Après la deuxième guerre mondiale, apparaît une nouvelle forme de chanson : la CHANSON A TEXTE :
- souvent sentimentale : Georges Brassens, Juliette Gréco, Jacques Brel :
Georges Brassens (1921-1981) : “Je me suis fait tout petit”
Jacques Brel (1929-1978) : “Ne me quitte pas”
- parfois revendicative (chanson engagée)
Léo Ferré (1916-1993) : “Les anarchistes“
(Sur l'engagement politique dans la chanson française de 1997 à 2002, il est intéressant de lire le mémoire de Morgane Bellion).
Parallèlement à ce type de chanson, surgit en France, la “Chanson anglo-saxonne“, directement liée à l'apparition du Rock'n roll, dans les années cinquante. La vogue des chansons anglo-américaines amènera de nombreux chanteurs français soit à adopter la langue de Shakespeare pour suivre cette mode soit à copier, et traduire en français, ces morceaux anglo-saxons :
Exemples : Johnny Halliday s'approprie “Black is black“, le tube de Los Bravos en 1966 qui devient “Noir c'est noir” :
Claude François qui s'approprie “If I had a hammer“
en devenant “Si j'avais un marteau” etc, etc….
On voit apparaître alors le Star-system où le chanteur est “idolatré” au détriment du compositeur qui bien souvent reste inconnu du grand public.
Cette influence anglo-saxonne se retrouvera dans trois types de chansons :
- une CHANSON “JAZZY” avec des poètes qui arriveront à faire swinguer la langue française :
Michel Legrand (1932_) : “Quand ça balance”
- une CHANSON “Rock”, “Bluesy”, “Rhythm'nBlues”
Nino Ferrer (1934-1998) : “Je voudrais être un Noir”
Johnny Halliday : “Toute la musique que j'aime” (1974)
Jean-Jacques Goldman : “Quand la musique est bonne” (1982)
- une chanson “country” ou “folk”
Eddie Mitchell : “Sur la route de Memphis” (1976)
N.B : la plupart de ces artistes ne se cantonnent pas à un style particulier et refusent une étiquette “restrictive”. Aucun ne reniera toutefois l'influence anglo-saxonne.
- La chanson, poussée par les médias, devient un gigantesque enjeu commercial mais sa durée de vie est souvent très courte.
- Un nouveau courant de la chanson française va tenter d'échapper à cette uniformisation internationale de son style. (Camille, Jeanne Cheral, Raphaël, Olivia Ruiz, Vincent Delerm, Thomas Fersen, Zazie,Benjamin Biolay…)
Courant qui ne fait pas forcément l'unanimité au sein même de cette variété française, si l'on en croit par exemple, Michel Fugain, autre compositeur-interprète de talent qui a su donner dès la fin des années 1960, des accents et des rythmes variés à la chanson française.
Il exprime très clairement son sentiment sur la nouvelle scène française lors de cet interview.
Cette polémique suscite de nombreuses questions sur l'état actuel et l'avenir de la chanson populaire française…, mais concluons en revenant à notre thématique…
Ses références au passé, nombreuses et variées montrent que la chanson populaire française est sans aucun doute très riche et constitue un patrimoine culturel indéniable. Divers métissages l'ont enrichie, mais c'est surtout par la qualité de quelques grands auteurs-compositeurs-interprètes qu'elle restera dans la postérité.
article repris d’ici :http://musiqueauciv.unblog.fr/prgs-bac-2009/la-chanson-populaire-et-ses-references-au-passe/ |