Analyse des 4 tangos de Piazzolla
juillet 20, 2016
Étude de :
Adios Nonino
Fuga y misterio
Muerte del Angel
Milonga del Angel
Adios Nonino
Analyse Adios nonino
Analyse avec écoute (version Sexteto Mayor)
Analyse avec écoute (version Carlos Garcia)
Composé en 1959 à la mémoire de son père, il s'inspire du morceau "Nonino" enregistré en 1955.
Adios Nonino (1959) est la composition la plus célèbre de Piazzolla. Ses deux parties centrales – l’une rythmique, l’autre mélodique – ont été composées indépendamment, à cinq ans d’intervalle : la partie rythmique (mes. 1-16) provient du tango Nonino, composé à Paris en 1954 et dédié à son père, Vicente, que Piazzolla appelait Nonino (petit grand-père). Quand celui-ci décéda en 1959, Astor, qui se trouvait à Puerto Rico, rentra à New York, s’enferma dans une chambre et, entre larmes et sanglots, composa en moins d’une heure Adios Nonino.
Comparaison des versions du Sextetor Mayor et Carlos Garcia y su Orquestra :
- La version Sextetor Mayor est laisse énormément de place à l’improvisation, au rubato, n’hésite pas à surprendre l’auditeur. Elle utilise une accentuation, une rythmique (3 + 3 + 2) spécifique au tango.
- La version Carlos Garcia y su Orquestra, par son académisme, est un peu aseptisée : les particularités du tango sont très estompées (hormis le thème de Piazzolla et les appogiatures ascendantes).
VERSION SEXTETOR MAYOR - 1994 - 4'27
Instrumentation
|
Piano.
Bandonéon. Guitare électrique. Violon.
Contrebasse
|
||||
Rythme
|
4/8
|
||||
Temps
|
0’00
|
0’55
|
2’21
|
3’16
|
|
Structure
|
A
|
B
|
Cadence
|
A’
|
|
Tempo
|
Rubato. Allegro
|
Lento. Rubato
|
Rubato
|
Allegro
|
|
Tonalité
|
la m
|
DO M
|
|
la m
|
|
Ecriture
|
- Thème A : 1e partie au tutti / puis jeu de question
réponse entre les instruments
- Energie
- Accents
Thème A : en deux motifs
a) arpège ascendant avec notes de passages (petit
chromatisme descendant qui
amène la dernière note accentuée)
b) accords de passage
descendants
0’00 tutti (a) / bandonéon (b) / tutti (a) /
bandonéon (b) / tutti (a)
0’19 puis jeu de question réponse entre les
instruments ; accélération du tempo + crescendo
0’39 improvisation du
bandonéon, sur motif a ; contrechant du violon ; accompagnement des
autres instruments de l’ensemble en 3 + 3 + 2 ; tempo rapide ;
ralenti final qui amène la partie B
|
- Thème B Bandonéon
- Mélodie langoureuse
- Accompagnement léger sur les temps
- trille du bandonéon à la fin
- 1’52 : Thème B Violon
- Crescendo orchestral
- En accélérant
- Fin : MG piano
Thème B : mélodie mélancolique, « Tristement », en 2
phrases (la seconde étant la répétition de la première, un ton plus haut),
composée de valeurs longues (la dominante du ton) et de notes courtes par
mouvements conjoints. Ces notes courtes anticipent la valeur longue, créent
un effet de syncope de par leur place sur un temps faible, et amorcent la
rythmique 3 + 3 + 2
0’55 thème exposé au Bandonéon ; Accompagnement
léger sur les temps, en arpèges au piano
1’22 Improvisation du bandonéon, sur accompagnement
des cordes en valeurs longues avec glissandi du violon ; Trille du
bandonéon à la fin
1’54 Thème au Violon
|
-
Piano solo
2’21 Cadence du piano solo ; rubato, trilles,
accords plaqués, arpèges…
3’08 transition qui ramène
la partie A par l’installation du rythme 3 + 3 + 2 avec le guiro
|
- Thème A : bandonéon / violon
- Variations sur un
rythme plus agité (chichara)
- 3’52 : Thème A : tutti
- Coda : tension
|
|
Thématisme
|
|||||
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
|||
Version Carlos Garcia y su orquesta. 1990. 4’28
Instruments
|
Piano. Bandonéon.
Batterie. Contrebasse. Violon. Flûte
|
|||||
Temps
|
0’00
|
0’10
|
0’50
|
2’13
|
2’51
|
4’03
|
Structure
|
Introduction
|
A
|
B
|
A’
|
B’
|
CODA
|
Tempo
|
Moderato
|
Moderato
|
Lento
|
Moderato
|
Lento
|
Lento. Moderato
|
Tonalité
|
Ré m
|
Sol m
|
Si b M
|
Sol m
|
Si b M
|
Sol m
|
Ecriture
|
- Formule mélodico-rythmique au piano (pompe)
Mouvement mélodique descendant de la contrebasse et
du piano (fa-mibréb-do), 2° tétracorde de fa mineur mélodique descendant),
premier
temps amené par un groupe
d’appogiatures
Accentuation sur les temps
faibles.
En crescendo
|
- A : bandonéon / Flûte
- Pompe au piano
- 0’29 : Crescendo orchestral
- Transition
0’11 thème exposé par la flûte et au bandonéon
motif a : répété quatre fois identique à lui-même ,
le motif de la basse, seul, évolue sur le plan harmonique
0’29 crescendo
0’33 reprise du thème avec un contrechant de violon, issu
du motif a
0’45 petite
transition avec un léger ralenti
|
0’50 thème au violon, contre-chant à la flûte
traversière, accompagnement harmonico-rythmique des autres instruments de
l’ensemble.
1’11 passage proche de l’improvisation, avec rôle
prépondérant du piano. Le matériau mélodique utilisé s’inspire de la version
initiale pour piano.
1’31 reprise du thème B à la flûte et au bandonéon
1’51 écriture plus verticale, terminée par les glissandi
du piano sur le point d’orgue des autres instruments
2’00
transition, avec léger ralenti
|
- Cf. A
|
2’51 thème au violon, contre-chant au bandonéon,
accompagnement
harmonico-rythmique plus simple que précédemment des
autres instruments de l’ensemble
3’13 passage proche de l’improvisation, avec rôle
prépondérant du bandonéon
3’32 thème B, varié, à la flûte avec contre-chant du
violon
3’52 écriture plus verticale, terminée par les glissandi
du piano sur le point d’orgue des autres instruments
4’01
transition, avec léger ralenti, valeurs longues
|
- Decrescendo orchestral
- 4’14 : sur A (tutti)
- Descentes / glissandi au piano.
- Coda très rythmée
|
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
Fuga y misterio
Analyse Fuga y misterioCinquième partie de Marià de Buenos Aires, opéra d’Astor Piazzola sur un texte de Horacio Ferrer, créé en 1968.
Fuga y misterio (Fugue et mystère) est une pièce instrumentale qui constitue la scène 5 de Maria de Buenos Aires, l’« operita » (petit opéra) composée en 1967 sur un livret du poète et historien du tango, Horacio Ferrer. Maria de Buenos Aires est l’une des œuvres plus importantes de Piazzolla par la richesse des idées compositionnelles et des ressources stylistiques. Elle marque aussi le début de la collaboration entre Piazzolla et Ferrer, qui a produit des œuvres mémorables, telles que Balada para un loco, Balada para mi muerte, Chiquilin de Bachin, etc. La première de Maria de Buenos Aires a eu lieu à la salle Planeta de Buenos Aires, le 8 mai 1968. Comme l’œuvre n’avait pas trouvé de producteur, Piazzolla dut dépenser ses dernières économies et vendre sa voiture pour faire face aux frais de production. Selon Ferrer, après quatre mois de représentations, il y avait plus de monde sur la scène que dans la salle…
thème A - accordéon
thème B - violon
thème C - violon
Version Sexteto Mayor. 1994. 3’30
Instrumentation
|
Flûte. Bandonéon. Piano. Guitare. Vibraphone.
Percussion (Guiro et batterie). 2 violons. Contrebasse
|
||||
Temps
|
0’00
|
1’28
|
1’59
|
2’20
|
3’10
|
Structure
|
A
|
B
|
A’
|
C
|
CODA
|
Tempo
|
Allegro
|
Allegro
|
Allegro
|
Lento
|
Lento
|
Tonalité
|
Mi mineur
|
Mi mineur
|
Mi mineur
|
Mi mineur
|
Mi mineur
|
Ecriture
|
Entrées en imitation
- 0’00 A1 :
bandonéon (mi m)
- 0’21 A2 : violon (la
m)
- 0’43 A3 : vibraphone
(ré m)
- 1’05 A4 : piano (sol
m)
A noter que les présentations se font à chaque fois à
la quarte supérieure et s’accompagnent de changements d’armure dans la
partition.
Après sa présentation du sujet, chaque instrument
entre dans un jeu de contrepoint avec l’instrument qui énonce à son tour le
sujet.
La percussion, représentée par le guiro, accompagne ythmiquement en ponctuant, par deux
contretemps, le quatrième et le premier temps de chaque mesure. A la
quatrième présentation du sujet, la batterie étoffe l’accompagnement
rythmique.
|
- Thème B :
rythmico-harmonique.
- Cellules courtes
- Tutti (entrée de la
batterie)
- Ecriture verticale
- Accents
- ff
- Glissandi
Cette partie fait entendre une mélodie b accompagnée,
en deux périodes :
- Un antécédent de 2 fois 2 mesures
- Un conséquent de, lui
aussi, 2 fois 2 mesures
La mélodie, par son
accentuation, garde le caractère du tango. L’accompagnement (piano et
batterie) a une rythmique plus lisse.
1’29 : b par le tutti à
l’unisson (à l’audition, prédominance du bandonéon dans le bloc sonore)
accompagné par le piano et la batterie (rythme de croches régulières sur la
cymbale suspendue, avec seulement l’accentuation du premier temps)
1’44 : b’ sur la même
orchestration. Des modifications sont apportées à b :
notes répétées avec
accentuation sur les mesures 1 et 3 de l’antécédent, accords à contretemps
avec glissandi de violon sur les mesures 2 et 4 du conséquent.
|
- Thème A : tutti
Le sujet est à nouveau
proposé, à l’unisson, selon l’orchestration de la partie B (bandonéon et
violon ressortent). La batterie adopte l’accentuation du sujet.
|
- Thème C : violon
solo. - - Mélodique.
- Notes longues.
- Accompagnement léger
- 2’43 Thème C :
bandonéon
De caractère plus mélancolique, cette partie fait
appel au violon solo (sul
ponticello = l’archet près du chevalet) puis au bandonéon, sur
une mélodie épurée, accompagnée de tenues du second violon et d’arpèges du
piano dans l’aigu.
L’interprétation du violon,
quasi rubato, comme avec des « ports de voix » rappelle la couleur des
mélodies tsiganes. Le bandonéon introduit de légères variations mélodiques,
qui, elles, sont dans l’esprit du tango.
|
- Sur pédale de tonique
- Calme
- Valeurs longues
- Decrescendo
- Morendo final
Final en mourant.
|
Thématisme
|
Thème A
Thème B
Thème C
|
||||
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
Version par 12 Violoncellistes de l’Orchestre Philharmonique de Berlin. 2002. 5’06
Instrumentation
|
12 violoncellistes
|
|||||||
Temps
|
0’00
|
1’36
|
2’09
|
2’32
|
4’09
|
4’28
|
4’48
|
|
Structure
|
A
|
B
|
A’
|
C
|
B’
|
A’
|
CODA
|
|
Tempo
|
Allegro
|
Allegro
|
Allegro
|
Lento
|
Allegro
|
Allegro
|
Allegro
|
|
Tonalité
|
Mi m
|
Mi m
|
Mi m
|
Mi m
|
Mi m
|
Mi m
|
Mi m
|
|
Ecriture
|
Entrées en imitation
- A1
- 0’26 : A2
- 0’47 : A3
- 1’10 : A4
Tutti
|
- Très rythmique
- Glissandi
Mélodie B au rythme caractéristique du tango.
Partie de couleur très
rythmique. Présence de glissandi.
|
- A : tutti
- Accompagnement :
contretemps
- 2’30 : point d’arrêt
Retour du sujet sur un accompagnement
harmonico-rythmique, très syncopé, puis
en polyphonie.
|
- Thème C : tessiture
medium
- Très langoureux
- Accompagnement :
harmoniques
- 3’20 : thème C
tessiture aiguë
- Accompagnement : pizz
De caractère plus
mélancolique, cette partie fait entendre son thème par un soliste dans une
tessiture moyenne, sur un accompagnement en harmoniques. Le thème est ensuite
repris dans l’aigu, agrémenté d’un contre-chant mélodique et d’un
accompagnement en pizzicati à la basse.
|
- Accents
Retour du caractère
rythmique du tango.
|
- A : tutti
- Acpt : contretemps
Le sujet est à nouveau
proposé sur un accompagnement en contretemps.
|
- Accents
- Accelerando
- Chromatisme
- Energie jusqu’à la fin
A l’opposé de la version du Sexteto Mayor, les 12
Violoncelles terminent cette
interprétation de manière
énergique, sans ralentir.
|
|
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
||||||
Milonga del Angel
Analyse Milonga del angel- Appartient à la suite en quatre mouvements (comprenant : Introduccion al Angel, Milonga del Angel, Muerte del Angel, Resurreccion del Angel) que Piazzolla a composé au milieu des années 60.
- La milonga est un des rythmes originels du tango. Il en existe 2 types distincts :
- La milonga campanera (de la campagne) : lente et expressive
- La milonga ciudadana (de la ville) : rapide et plus joyeuse
- Rythme de la milonga :
Milonga del angel (Milonga de l’ange) date de 1965. Cette pièce se rattache au genre de la milonga lente d’origine paysanne, chantée souvent dans les duels poétiques (payadas), improvisés par les paysans de la pampa et par des orilleros. Elle avait acquis droit de cité avec la Milonga triste que Sebastiàn Piana (1903-1994) avait composée en 1928 sur le poème homonyme de Homero Manzi. Elle se distingue de la milonga dansée, au tempo vif et au caractère picaresque. L’élaboration harmonique et formelle, le développement de la ligne mélodique et l’allure intimiste de la pièce sont typiques de la sensibilité et des procédés stylistiques de Piazzolla, tant sur le plan de la composition que de l’exécution.
Premier thème (bandonéon) :
Muerte del Angel
Analyse la Muerta del angel(appartient à la même Suite que Milonga del Angel)
Muerte del angel (Mort de l’ange) a été composé en 1962 - avec Introduccion al Angel – pour la pièce de théâtre El tango del Angel de Alberto Rodriguez Muñoz, même si elle n’a finalement pas été jouée à cette occasion. Comme il l’avait fait avec les Saisons de Buenos Aires, Piazzolla a composé plusieurs pièces sur l’image de l’ange, tels que Tango del Angel (1957), Resurreccion del angel et Milonga del angel – les deux dernières en 1965 –, sans pourtant avoir l’intention des les regrouper dans un cycle.
Thème A - bandonéon :
Analyse version Orchesta Estable del Teatro Colon. José Carli. 1993. 3’37
Instrumentation
|
Orchestre symphonique
|
|||
Temps
|
0’00
|
1’20
|
2’42
|
3’00
|
Structure
|
A
|
B
|
A’
|
CODA
|
Tempo
|
Allegro
|
Lento
|
Allegro
|
Allegro
|
Tonalité
|
La mineur
|
Si mineur
|
Fa# mineur
|
Ré mineur
|
Ecriture
|
- 0’00 Sujet A en la mineur par la trompette
- 0’10 Sujet A en ré mineur par le cor d’harmonie
- 0’20 Sujet A en sol mineur par le trombone à
coulisse
- 0’28 transition, d’écriture plus verticale, où la
fin du thème devient mélodie accompagnée.
- 0’38 : A trombone
- 0’52 : A basson
- Prédominance des bois,
cuivres et percussions
- 1’17 : Point d’arrêt
|
- B : hautbois
- 1’55 : crescendo
orchestral
D’écriture plus symphonique, ce mouvement lent est
construit sur une carrure de 4 mesures. Le hautbois y est soliste, accompagné
en valeurs longues, en homorythmie. Dans le passage central, plus fort, le
motif thématique est
développé par l’orchestre,
qui laisse toutefois une grande place au soliste.
- 2’30 : développement
symphonique (solo de trompette)
Un accelerando ramène le tempo et la thématique du
début.
|
- A : réparti à tous
les instruments de l’orchestre et développé.
|
- Sur rythmes de double
croches
- crescendo orchestral
- Accents
- A (sol mineur)
3’00 : transition rythmique
entrées successives des instruments
(cuivres) depuis le grave
3’09 : rythmique, avec rappels du thème initial.
Utilisation des
glissandi du trombone et du flatterzunge
par la trompette sur l’accord final.
|
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
Analyse version Piazzolla de l’album « The central park concert ». 3’19
Instrumentation
|
Bandonéon. Violon. Guitare. Piano. Contrebasse.
Percussions.
|
||||
Temps
|
0’00
|
1’24
|
2’12
|
2’41
|
|
Structure
|
A
|
B
|
A’
|
CODA
|
|
Tempo
|
Allegro
|
Rubato
|
Allegro
|
Allegro
|
|
Ecriture
|
Entrées en imitation
- A1 : Piano
- A2 : violon
- A3 : bando
- A4 : guitare + piano
Transition
|
- Bandonéon : cadence
jazzy
- En accelerando
- Accompagnement de plus en
plus soutenu
|
- Tutti
- Glissandi / coups de
soufflets
- Climax : rythmique
syncopée – tension…
|
- En accords sur le rythme
de A
- Glissando de fin…
Explosion finale.
|
|
Thématisme
|
Thème A – Thème B
|
||||
Métissage
|
Savant
|
Populaire
|
|||